L'Histoire locale

Les fétichistes ont toujours existé, plus ou moins visibles selon les époques et les lieux. Depuis des siècles, leurs communautés ont su vivre leur passion et leurs pratiques, souvent dans l’ombre, parfois en pleine lumière. Strasbourg, ville à la croisée des chemins entre la France et l’Allemagne, n’a pas échappé à cette dynamique. Au cours de la seconde moitié du 20ème siècle, les conséquences libératrices des événements de Mai 1968, les mouvements de remise en cause de l’ordre social et les théories formulées par le philosophe Michel Foucault (1926-1984) ont suscité une affirmation de soi concernant entre autres le monde fétichiste.

Depuis les années 2000, les fétichistes alsaciens ont tissé des liens forts avec leurs voisins allemands, suisses et européens, créant une scène locale de plus en plus importante. Elle perdure aujourd’hui. Cette histoire très synthétique, bien que partielle et probablement partiale, a pour but de rendre hommage à une communauté passionnée, unie par des valeurs communes de liberté, de diversité et d’inclusion.

Les débuts des Années 2000 : L’essor d’une scène fétichiste locale

Au tournant du nouveau millénaire, la communauté fétichiste de Strasbourg se trouvait face à un défi majeur : l’absence d’espaces dédiés à ses pratiques. Faute de lieux adaptés dans la ville, de nombreux fétichistes alsaciens se sont tournés vers les clubs et bars se trouvant en Allemagne. Proche. Ces voyages transfrontaliers ont marqué les premières étapes de ce qui deviendrait un réseau solide entre Strasbourg, l’Allemagne et au-delà.

Des lieux comme le Glouglou Bar à Kehl, le Tabu Club à Offenburg (avec sa fameuse partie « bar cuir »), et le RubClub à Karlsruhe ont rapidement accueilli les passionnés de fétichisme. Ces destinations allemandes sont devenues des refuges pour les fétichistes strasbourgeois, mais aussi des espaces où se sont forgées des amitiés et des alliances durables. Des événements, abordant des thématiques variées comme le latex, le cuir, ou même l’urophilie et le fist fucking ont permis de tisser des liens étroits au sein de cette communauté.

2010-2013 : Une expansion européenne et un engagement grandissant

Les années 2010 marquent un tournant décisif pour la scène fétichiste strasbourgeoise. En 2010, Olivier, un Strasbourgeois passionné, est élu Mr RubClub, puis Mr EuroRubber de 2011 à 2013, renforçant ainsi les liens entre la France, l’Allemagne et d’autres pays européens.

Cette période voit l’émergence de nombreuses collaborations internationales avec d’autres détenteurs de titres de toute l’Europe : Mr Leather France, Mr Leder Pologne, et Mr Leather Pays-Bas. Ces partenariats ont conduit à l’organisation d’événements d’envergure, notamment dans les villes allemandes voisines comme Karlsruhe, Kehl, et Offenburg.

La participation à la Pride de Strasbourg est aussi devenue un élément phare pour cette communauté, prônant la visibilité et l’inclusion des fétichistes dans le paysage local.

2014-2015 : Le temps de la structuration à Strasbourg

À la fin du mandat d’Olivier, en 2014, la scène fétichiste locale prend un tournant avec la création du Fetish Social par Paul. Ce nouveau projet, visant à organiser des rencontres régulières à Strasbourg, permet à la communauté de se retrouver tous les trois à six mois pour des moments conviviaux et des échanges autour de leur passion commune. Ces rencontres se tiennent au Club Spyl à Strasbourg, au Club Tabu à Offenburg et au Glouglou Bar à Kehl, où une backroom est même aménagée pour les rencontres plus intimes. Le RubClub de Karlsruhe disparait à cette époque.

2016-2017 : La nouvelle vague et l’émergence de nouveaux espaces

En 2016, un nouveau lieu de rencontres s’ouvre à Strasbourg : le Z Bar. Ce bar gay avec backroom, dirigé par Christophe, devient un espace incontournable pour la communauté fétichiste. Le Fetish Social trouve alors un nouveau foyer et un nouveau souffle dans ce lieu.

Cette même année, Fabien, Mr Sportswear France 2016-2017, organise l’élection Mr Sportswear Grand Est à Strasbourg, une première à Choucroute-Ville.

2019-2022 : Innovations et interruption pandémique

En 2019, Strasbourg accueille son premier week-end BLUF (Breeches Leather Uniform Fanclub), organisé par Nicolas (futur Mr Leather France 2024), Jean-Marie, et l’équipe de BLUF Paris.

Cependant, la pandémie de COVID-19 survenue entre 2020 et 2022 bouleverse temporairement ces initiatives. Les rencontres du Fetish Social sont mises en pause. Mais la passion reste vivace.

2023-2024 : Une évolution en cours et la fin d'une époque

L’après-pandémie voit le retour du Fetish Social au Z Bar. Son nom évolue en Fetish Social Strasbourg. Un logo est créé. La visibilité du collectif s’accroit grâce à une plus large diffusion sur les réseaux sociaux et la création d’un site internet.

Au même moment, deux autres projets voient le jour :

  • Est Fetish, hébergé au Canapé Queer, un bar queer de Strasbourg.
  • le groupe Alsa-Chiens, dédié aux puppies.

Cependant, l’automne de l’année 2024 marque la fermeture du Z Bar, un lieu clé pour la communauté gay et fétichiste strasbourgeoise. Cette fermeture laisse un vide. Mais la scène fétichiste alsacienne continue de se réinventer, fidèle à son esprit d’ouverture et d’enthousiasme.

To be continued ...

Merci à Christophe, Laurent, Paul, Olivier, Fabien, Nicolas.

Photos : Olivier, Fabien, Nicolas.